Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
Des nouveautés au XIXème siècle
Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, le bourg de Mouzillon était composé à cette époque d'une grande rue allant du Pont Gallo-romain au village du Tertre comme le montre le plan cadastral de 1811.
Tout au cours du XIXème siècle, Mouzillon va connaitre un grand renouvellement .
Nouveauté dans le développement des routes et de la ligne de chemin de fer
construction d'un nouvel axe principal Vallet-Clisson, aussi appelé à l'époque "route stratégique", Une carte postale de 1908 met en évidence les constructions qui ont bordé cette voie dès sa construction.
Cette carte mérite un commentaire par la richesse des informations qu'elle porte :
la qualité des maisons qui ont été construites au bord de cette route (plus d'un siècle après nous les reconnaissons). Un signe de la qualité de la construction est visible à gauche : les génoises, en haut du mur, réalisent esthétiquement le débordement de toit. C'est trait qui est commun à de nombreuses maisons de Mouzillon. les maisons plus modestes sont couvertes de tuiles, les maisons plus "bourgeoises" sont couvertes d'ardoises. Les volets en bois permettent de s'isoler de l'extérieur.
les moyens de transports : la voiture à cheval reste un mode de transport privilégié... et l'apparition du vélo qui se développera surtout après la guerre de 1914-1948.
les vêtements : les piétons sont vêtus diversement : les jeunes filles et les garçons laissent à penser qu'il s'agit d'un jour de fête. Les passagers de la voiture à cheval portent des vêtements distingués.
l'environnement : les bords de la Sanguèse ne sont pas bordés de grands arbres.
le croisement des deux voies : l'absence de bitume et de trottoir,
Au sujet des axes de circulation : * développement de l'axe perpendiculaire avec la construction du pont sur la Logne ouvrant un nouvel accès à l'est du bourg en direction du village de la Baronnière, à partir de 1859.
en 1865, le conseil municipal prend la décision du tracé de la route qui va du bourg aux villages du Pin, de Beausoleil et jusqu'à l'Audigère (Vallet)
en 1869, le conseil délibère en faveur de l'instauration d'une ligne de chemin de fer qui n'arrivera que beaucoup plus tard.
le 23 mars 1879 le conseil municipal demande la création de l'arche sèche pour faire face aux crues de la Sanguèse.
Nouveauté dans les lieux collectifs
organisation du nouveau cimetière,
réparation de l'ancienne église et du presbytère puis construction d'une nouvelle église,
construction d'une mairie, construction d'une école pour les garçons à proximité de la mairie sur un terrain qui faisait partie du presbytère mais qui était hors de l'enclos; la décision a été prise au conseil municipal le 14 août 1850. En échange le conseil municipal achètera un pré à la famille Bascher dont il remettra l'usage au presbytère. Le fait que la mairie et l'école qui sera qualifiée de "publique" par la suite, soient construites sur un terrain qui était lié antérieurement au presbytère apparait comme un signe de la société civile qui se structure sur le territoire précédemment occupé par la société religieuse. Cette symbolique va se développer au XXème siècle et atteindre un sommet quand la mairie va s'implanter dans les locaux qui étaient antérieurement le presbytère.
en 1872, le conseil donne un avis sur les plans prévus pour la construction d'une nouvelle église.
intérieur de l'église de Mouzilon
Nouveauté dans les investissements scolaires
installation d'une école des filles : le 9 février 1844 le conseil municipale accepte la donation d'une maison et d'un jardin de la part de Madame Martineau, veuve Housset dans le but de créer une école des filles tenue par des religieuses. Le 25 avril 1857 des crédits seront votés pour que cette école puisse fonctionner.
construction d'une école pour les filles (logement et cour qui deviendront plus tard "La poste"), un avis favorable est voté au conseil municipal le 12 juillet 1874.
Nouveauté dans la mise en place de services publics
en 1884, suite à une pétition, c'est le développement du service postal. Ce service ne s'est pas mis en place aussi rapidement que certains le souhaitaient. En 1908, le service postal est encore assuré par le Pallet.
Le souffle de l'époque des lumières
... en quelques générations le paysage communal se renouvelle de façon radicale. Ce développement des infrastructures collectives a précédé la mécanisation des moyens de production. Est-ce que les idées des philosophes et des penseurs comme Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot, Montalembert, Condorcet, les idées de la révolution française ont pénétré la France au point d'expliquer de telles évolutions dans une petite commune rurale de l'ouest de la France ?
Les documents qui sont parvenus jusqu'à nous, donnent le témoignage d'une vie démocratique. Par exemple, le registre des délibérations du conseil municipal, en date du 8 mars 1832 précise les noms des élus : Prudent Luneau, François Aubin, Pierre Pasquereau, Jean Luneau, Laurent Teigné, François Guerin, André Grégoire, Mathurin Guerin, Guillaume Favreau, Pierre-François Denis et François Leroux. Le préfet désignera Prudent Luneau comme maire et François Aubin comme adjoint.
Autre signe d'évolution : la scolarisation. La délibération du conseil municipale du 29 mars 1835 précise que Pierre Pasquereau, né au Petit Plessis le 25/11/1798 tient la place d'instituteur depuis 14 ans, donc depuis 1821. Le 8 juillet 1838, le conseil vote un petit budget pour encourager les écoliers. Le 5 août 1838 il vote la rétribution scolaire que les familles doivent verser : 1 franc par mois pour les élèves qui suivent lecture et catéchisme, 2 francs par mois pour les élèves qui suivent lecture, catéchisme, écriture et calcul.
Pourtant, le conseil municipal de Mouzillon se montre plus favorable au pouvoir politique de la restauration et du second empire qu'aux idées de la IIIème république : le 8 avril 1877, le conseil et les plus imposés de la commune votent contre l'instruction gratuite par 18 voix contre 5.
Par ailleurs on notera que le sens du terroir ne rend pas toujours clairvoyant : le 7 avril 1889, le conseil municipal rejette la proposition de plans de vigne américains faite par des viticulteurs de la Vendée, malgré quelques taches de phylloxéra dans la commune ! Plus tard, le principe du greffage sur les plans américains s'imposera et ne posera plus de questions face aux traditions en place.
Ce XIXème siècle a donc été une période de grande transformation pour Mouzillon : transformation dans les moyens de vie collective, dans les infrastructures, dans la mise en place d'une vie municipale et dans les moyens donnés au développement scolaire.
La mobilisation des énergies dans le but de développer la vie collective sera moins perceptible par la suite. L'élan de progrès qui caractérise ce XIXème siècle sera brisé par les saignées des guerres au XXème siècle.